Il y a quelques semaines, nous étions invité dans l’émission Attends, j’t’explique sur Radio Chablais pour parler de l’Indice de Masse corporelle (IMC) ou Body Mass Index (BMI) en anglais. L’occasion de discuter des forces de limites de cet indicateur mais aussi de clarifier quelques mythes.
Attends, j't'explique...! 1ère partie : l'indice de masse corporelle, c'est quoi?
L’IMC est un indicateur qui permet d’estimer la corpulence d’une personne. Il est utilisé pour les adultes de 18 à 65 ans et ne tient compte que de 2 paramètres : la taille et le poids de la personne. On le calcule de la manière suivante :
Poids (en kg) / Taille au carré (en mètres). Il s’exprime donc en kg/m2.
Exemple : une personne mesurant 1,75 m et pesant 72 kg a un IMC = 72 / (1,75×1,75) = 23,51 kg/m2.
Les différentes catégories de l’IMC sont les suivantes :
- 18,5-25 kg/m2 : poids normal
- 25,1-29.9 kg/m2 : surpoids
- 30-34.9 kg/m2 : obésité grade I (obésité modérée)
- 35-39.9 kg/m2 : obésité grade II (obésité sévère)
- 40-50 kg/m2 : obésité grade III (obésité morbide)
- >50 kg/m2 : super-obésité (obésité massive)
L’IMC est un bien un indicateur et non une donnée absolue et ce, pour plusieurs raisons :
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- Il ne tient pas compte de l’âge C’est le même calcul de 18 à 65 ans.
- Il ne tient pas compte du sexe. C’est le même calcul pour les hommes et les femmes.
- Il ne tient pas compte de la localisation la graisse. Est-elle localisée au niveau abdominal ou en périphérie ?
- Il ne tient pas compte de la composition corporelle, c’est à dire le % de masse musculaire et de masse grasse.
Nous avons par exemple certains sportifs qui ont un indice de masse corporelle >25 kg/m2 (soit en surpoids) sans que cela pose de problème car ils ont une masse musculaire importante souvent nécessaire pour leur sport et ils sont très actifs. A l’inverse, nous avons des personne qui ont un IMC entre 18,5 et 25kg/m2 (considéré comme normal), mais avec présence de graisse abdominale importante et/ou d’un bilan sanguin perturbé. L’IMC est donc intéressant pour étudier les populations mais moins à titre individuel. Les différents seuils ci-dessus doivent donc être considérés avec prudence dans le cadre d’un diagnostic individuel. Le calcul de l’IMC est avant tout un outil de dialogue avec le patient.
Attends, j't'explique...! 2ème partie : l'indice de masse corporelle, c'est quoi?
En Suisse, la prévalence du surpoids et de l’obésité a augmenté au cours des dernières décennies, bien que la situation soit généralement meilleure que dans d’autres pays européens : 12% des adultes sont en obésité (IMC ≥ 30) et en rajoutant les personnes en surpoids (IMC ≥ 25), 43% des adultes en Suisse sont soit en surpoids, soit obèses. Dans les années 1990, seul 7% de la population adulte était obèse, contre 12% aujourd’hui. La proportion d’obésité chez les enfants et adolescents est plus faible, mais reste préoccupante, avec 15 % des enfants et adolescents en surpoids dont 5 à 6% en situation d’obésité.
Pourquoi est-ce que l’IMC est principalement utilisé dans le monde médical ?
Des méta-analyses, c’est à dire des synthèses d’études portants sur plusieurs millions de personnes dans le monde, nous montre que l’IMC est directement lié à une hausse de la mortalité toutes causes confondues. C’est pour cette raison qu’il est et reste principalement utilisé dans le monde médical.
L’IMC est à voir comme un indicateur (ou un outil) parmi d’autres que nous avons pour analyser la situation d’un patient. Il est utilisé non pas seul mais avec d’autres indicateurs comme :
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- Le tour de taille mesure qui reflète l’obésité abdominale lorsqu’il est >100 cm chez les hommes et >88 cm chez les femmes.
- Une mesure de composition corporelle qui va déterminer le % de masse musculaire et de masse grasse.
- Un bilan sanguin qui nous montrew par exemple une augmentation des valeurs du cholestérol, du taux de sucre, des paramètres du foie, etc.
- Une anamnèse alimentaire avec par exemple un carnet alimentaire spécifique que nous allons demander au patient de remplir.
- Une histoire du poids qui est bien plus intéressante que le poids à un instant-T.
Dans ce contexte l’IMC doit donc être vu comme une donnée médicale au même titre qu’une glycémie à jeun ou un taux de cholestérol sur un bilan sanguin.
Est-ce qu’on peut être obèse et en bonne santé ? Une question souvent difficile à aborder.
Début 2025, des chercheurs ont mis en évidence une nouvelle définition de l’obésité, distinguant 2 catégories :
- L’obésité préclinique qui correspond à un excès de masse grasse sans altération fonctionnelle immédiate, avec un risque de progression vers des maladies chroniques.
- L’obésité clinique qui se caractérise par un excès de masse grasse entraînant des dysfonctionnements des organes ou des limitations des activités quotidiennes.
Cependant, statistiquement le risque augmente de manière exponentielle avec l’obésité, même si on trouvera toujours des exceptions de personnes en obésité et en bonne santé sur le papier. Ce qu’il faut retenir c’est que nous ne sommes pas tous égaux face au poids. Il est ainsi tout à fait possible d’être en surpoids et d’adopter un mode de vie sain, d’être actif, de limiter les facteurs de risques (fumée, alcool, etc), d’avoir une alimentation de qualité et d’être en meilleure santé qu’une personne avec un poids normal mais avec un mode de vie sédentaire, fumeur et ne portant aucune attention à son alimentation. Ce constat n’est malheureusement pas juste dans les situations d’obésité ou la question à se poser n’est pas :« Est-ce que je vais avoir des problèmes de santé ? » mais « Quand est-ce que ces problèmes vont arriver? ».
C’est pour cette raison que notre métier existe et que nous mettons toutes nos compétences au service des patients pour les accompagner vers leur objectif, qu’il soit en lien avec le poids ou la santé de manière générale.
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